Comptes de la sécurité sociale : solde en 2020 et évolutions après la crise de Covid-19
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Le Haut Conseil du financement de la protection sociale (HCFiPS) a publié une note d’étape de sa réflexion sur les conditions de retour à un équilibre durable des comptes sociaux, dans le contexte induit par la crise de la Covid-19. Le Haut Conseil avait en effet été saisi en décembre dernier par le premier ministre, Jean Castex, pour assurer ce travail, dans la continuité du rapport du Haut Conseil de 2019 sur les lois de financement de la sécurité sociale.
La note reprend en préambule les éléments de contexte dans lequel s’inscrit cette réflexion : l’impact majeur de la crise sur les finances publiques en général, mais surtout sur les finances sociales ; la forte incertitude sur les perspectives économiques post crise de Covid-19 ; la nécessité de maintenir le cadre spécifique de pilotage et de gestion de la sécurité sociale, élément majeur du Pacte Républicain ; la challenge posé par les problématiques de soutenabilité mais aussi de cohérence des financements sociaux ; et enfin, le besoin d’assurer la compréhension par l’opinion publique des principes qui guident les politiques publiques.
Le Haut Conseil réaffirme sa vision de pilotage par les soldes pour éviter les transferts de dettes aux générations futures et préserver la confiance dans le système. Ce pilotage permet aussi d’assurer une cohérence et une lisibilité entre l’objet des dépenses et la nature des recettes. Le pilotage doit reposer sur un principe de responsabilité de chaque acteur pour financer sa politique en assurant l’équilibre de chacune des branches, et doit permettre de retrouver une trajectoire crédible de retour à l’équilibre des comptes sociaux.
Le Haut Conseil rappelle que le retour à l’équilibre est une opération complexe qui ne peut être envisagée que dans la durée. Cette durée a été fortement impactée par la crise de Covid-19. Les ministères de la santé et des finances viennent en effet de communiquer sur le solde du régime général de la sécurité sociale et du fonds de solidarité vieillesse 2020. Celui-ci s’établit à -38,6 Md€, en dégradation de 36,6 Md€ par rapport à 2019. Le solde 2020 est ainsi le plus déficitaire depuis les vingt dernières années. Il est cependant meilleur qu’anticipé, puisque la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) 2021 prévoyait un déficit de 49 Md€. La branche maladie est évidemment la plus affectée par la crise en raison de l’effet « de ciseau » : baisse des recettes et accélération des dépenses. Pour rappel, les dépenses 2020 intègrent également la première marche de valorisation du Ségur de la santé, pour plus d’1,4 Md€.
Figure 1 : Ventilation du solde Régime général + FSV par branche en 2019 et 2020
Légende : AT-MP : Accidents du travail – Maladies professionnelles, CNAF : Caisse nationale d’Allocations familiales, CNAM : Caisse nationale d’Assurance Maladie, CNAV : Caisse nationale d’Assurance Vieillesse, FSV : fonds de solidarité vieillesse, RG : régime général
Le Haut Conseil indique que le retour à l’équilibre implique d’avoir durablement une croissance des recettes supérieure à celle des dépenses, et insiste sur l’importance d’une transformation de la sécurité sociale dans une dimension davantage anticipatrice et préventive des risques sanitaires et sociaux. Cette approche serait sans doute la seule à même de conjuguer bien-être de la population et maîtrise des coûts des réparations futures, et repose sur une gestion plus transversale, notamment entre le social et le sanitaire, dans un décloisonnement des risques sociaux.
Progresser en matière de gouvernance de la protection sociale suppose aussi de poser une vision des finances sociales où la pluriannualité l’emporte sur l’annualité.Progresser en matière de gouvernance de la protection sociale suppose aussi de poser une vision des finances sociales où la pluriannualité l’emporte sur l’annualité.
Enfin, le Haut Conseil présente les résultats préliminaires de différentes simulations, selon les taux de croissance des dépenses et des recettes, l’amortissement de la dette sociale par la caisse d’amortissement de la dette sociale (CADES) ou non. Il apparait au Haut Conseil nécessaire, pour éviter l’aggravation permanente de la dette, de prioriser, pour les années à venir, le retour à l’équilibre des comptes courants plutôt que le remboursement rapide de la dette. Le Haut Conseil constate également qu’il ne sera pas possible de rééquilibrer l’assurance maladie rapidement par la seule maitrise des dépenses, même avec des hypothèses favorables. Les scénarios prenant les hypothèses les plus favorables (forte croissance du PIB, objectif national de dépenses d’assurance maladie (ONDAM) à 1,7%...) ne permettent pas d’envisager un retour à l’équilibre avant 2031.
Le Haut Conseil rappelle par ailleurs que les mesures prises lors de la dernière décennie pour maintenir un différentiel important entre progression des recettes et des dépenses, permettant de rétablir les comptes de l’assurance-maladie à un niveau acceptable, ne seront pas nécessairement réplicables compte tenu du contexte, ce qui complexifiera les futures stratégies de redressement des finances publiques.